iferhounéne le 28 décembre 1956" sous le feu croisé des troupes du colonel Amirouche et des chasseurs alpins"

Publié le par abdenour si hadj mohand

iferhounéne 28 décembre 1956″ sous le feu croisé des troupes du colonel Amirouche et des chasseurs alpins”

Iferhounene le 28 décembre 1956

«  Sous le feu croisé des troupes du colonel Amirouche et des chasseurs alpins »

Le 28 décembre 1956, une journée glaciale d'un hiver comme on en avait l'habitude de passer,de façon cyclique et routinière en région montagneuse dans cette kabylie où  survivre était l'unique préoccupation pour tout être vivant.Durer autant que faire se peut pour se reproduire ,postérité oblige,voilà la raison d'étre de tous.Quant à la qualité de la vie , il fallait l'accepter, la supporter ,comme disent les plus agés, comme elle se présentait à nous . Ici ,La nature , le climat  sont à leur dernier retranchement ,une frontière où l'influence de l'homme sur cette géographie  difforme , austère et rebelle , s'éloignerait encore davantage de la civilisation ,  si l'homme s'avisait par inadvertance , à cesser sa lutte quotidienne contre les aléas de toutes sortes.vaincre la nature avant qu'elle ne vous domine, vous accable et enfin vous rejette du monde vivant , est la seule condition pour survivre dans ce monde isolé de tout. Ce panorama livre un paysage féerique pour le poète vivant qui voudrait se réfugier dans l'irréel moins intransigeant. C'est ce qui avait fait dire ,un jour à mon plus grand frère Abdellah ,quelques mois après l'indépendance ,en observant cette vue imprenable de de la bande  enneigée , comme une sorte de calotte qui coiffe cette montagne bleu sous un ciel plus bleu encore à rendre jaloux de sa vive couleur l'azur des profondeurs de la méditerranée.que” la kabylie est belle pour ceux qui ont les moyens”

  Dans cette chaine de montagnes majestueuse ,hautaine, et bien exposée aux vents violents ,hurlant sans cesse et qu'accompagnent  souvent  en hiver des nuages de poussières de neige d'un blanc immaculé,un climat hostile , propre à cette muraille de fer surnommée par les romains ' Mont FERRATUS,(1)

(1)  Mont FERRATU: montagne de fer.traduit par les français par muraille de fer

 

et que les kabyles nomment aujourd'hui , ou depuis je ne sais quelle époque,  djardjra.Cette montagne mystique va inspirer le poète kabyle , et donner l'espoir aux hommes et femmes atteints de maladies psychosomatiques , ou de malchance, ou encore de stérilité ,en certains endroits qui , dit-on,  elle est habitée , au temps de “aghellid amokrane(2),

(2)aguellid Amokrane: litteralement : le grand roi .ici allusion fait au plus ancien ancetre,sage et miraculeux

 

par des esprits guérisseurs , comme”le faiseur de bien ” du “pic du Zenith “,AZRO N THOR,qui se loge au sommet , à plus de 2000 mètres d'altidude. c'est, je le pense bien ,les conditions extrémes de cette nature sauvage ,qui forgeront le caractère rude et rebelle du kabyle des quinqui genti(3),

 

(3) quinqui genti : terme romain : qui veut dire les cinqu peuples ou les 5 tribus : qui sont représentés par les anciens aarouch de la region de la Haute KABYLIE dont font parti les ittourars

qui le distinguera un peu plus, et presque héréditairement des autres berbères de la plaine notamment et de la petite kabylie.En effet , le kabyle du Djurdjura porte en lui ce vif et spontané penchant à la guerre que les conquistadors français ont préféré qualifier de belliqueux . Amirouche, Ait Ahmed , Ouamrane, Mohand Oulhadj,Abane Ramdane,Yaha Abdelhafid,ont quelque chose de commun :l'entiereté  dans leur  tempérament  et leur engagement en les idéaux dont ils sont convaincus.

En ce mois de décembre , la terre venait juste d'oter son manteau blanc pour la première mi-temps de cette hiver qu'on croirait naturellement scindé en deux. les premières neiges venaient de fondre sur les collines et les mamelons de terre noire,et les deuxièmes n'apparaitront que vers la période de février- mars.le haggane(3)

 (4). ahaggane : c'est la période du calendrier kabyle qui vient juste après le mois de mars , et qui dure environ  15 jours.cette période de l'année se caractérise par une température très basse.c'est durant cette quinzaine  ou décade , cela dépend , que le sanglier , de la kabylie connu pour sa rusticité , ressent parfaitement l'intensité du froid au point de trembler .l'adage kabyle ajoute à ce propos , c'est durant l'ahaggane qui suit le mois de mars , que le sanglier tremble de froid”

sera , comme à l'habitude , ici chez les kabyles , plus violent et donc plus pénibles pour ces petites âmes vivant chichement.c'est durant la décade qui suit le mois de mars  , que l'on dit en kabylie ,que le froid atteint son paroxysme au point de faire “trembler le sanglier.”(4)

Iferhounéne est au centre de cette galaxie de villages des ath yetsourahs.  village kabyle ressemblant à ceux  que l’on pouvait rencontrer en Europe il y'a environ un siècle. la première fois de ma vie, à l’âge de 6 ans, que mon regard a pu se poser sur ces êtres étranges venus  d’un autre continent, c’était précisément en 1956. au lieu dit Tizi Bouiren . je revenais de notre champ Guerdja,situé à quelque 800 mètres plus loin vers, tachakirth,en allant dans le sens de Michelet, à contrebas de la route carrossable. on venait de nous annoncer leur arrivée, ils étaient alors à tachakirt, une espèce de trois chemins , qui a été le théâtre d’affrontements sanglants ,déjà en 1854 , 1856 et 1857 entre les troupes de  la Velléda FATMA N SOUMER  et celles du maréchal Randon  venues  d’ouest, du camp du maréchal et d'est  , par Bejaia , de Constantine, pour entreprendre de bivouaquer à timazguida.Difficilement qu'ils aient pu  y parvenir , et ils en seraient délogés avec les moyens de bord autrement moins efficaces si ce n'était le courage et l'esprit de sacrifice des guerriers kabyles.Le docteur Bertherand , dans son ouvrages “' campagnes  medico chirurgicales  de kabylie” nous livrera les secrets de cette bataille où les troupes de la vaillante guerriere LALLA FATMA NSOUMER se faisaient remarquer par leur combativité et leur hargne .Notre maraboute , d'une rare beauté fera parler d'elle dans le camp adverse, méme si en guise de témoignage précieux, les phrases du docteur et non moins général d'armées : ” on entendait cette voix de femme , aigué et vibrante en même, ” n'étaient qu'une allusion à peine perceptible à une oreille trés fine  ,à notre héroine ,.pendant les combats qui ne dureront que la nuit avant que selon le même témoin , les troupes du Maréchal Randon , des généraux Yusuf  et Mac Mahon, ne se replient sur la vallée du Sébaou.Le motif du repli des armées du colonisateur de cette région des Ittourars , n'a pas été expliqué et la kabylie devait vivre l'année 1855 , comme un trou dans son  l'Histoire.Que s'était il passé  en fait , durant cette période?le Docteur Bertherand n'en souffle mot et ce n'est qu' en 1856 que l'histoire reprend son cours normal  selon l'historien, après que les armées  stationnées  au Camp du maréchal se soient ravitaillées à partir de la métropole  , en poudre , en munitions en armes et en matériels de locomotions, en renforçant leurs effectifs, pour se lancer dans une invasion criminelle , sur toute la kabylie , rasant , et incendiant ,tuant , violant , tout ce qui ressemblait  ou dégageait une odeur de kabyle indigéne.

Nous sommes maintenant en 1956 , l'histoire semble se  répéter, mais avec des moyens de destruction plus élaborés : canons , avions t6,hélicopteres,pyper, fusils mitrailleurs , bazooka, napalm….

les soldats sont là , comme en 1856,ils ne faisainet plus de distinction entre “fellaghas, enfants femmes et betail. ce qu'ils appellent dans leur  belle civilisation “le butin”.ils leur faudra juste un temps d'obseravtion ,pour entamer leur besogne programmée par les stratéges de la “pacification de ce peuple indigéne”

la rapidité relative des bahuts de ces chasseurs alpins, ne nous avait  pas permis de rejoindre le village Iferhounéne , avant l’arrivée de cette colonne de GMC que j’ai pu , avec mon esprit dominé  plus  par la curiosité que par l'insouciance et l'innocence, m'empécher d'observer avec une attention soutenue malgré mon bas age. ils étaient là dissimulés du regard des villageois, derrière le col de Tizi Bouiren, alignés ,et adossés sur leur parois extérieures, les soldats français  descendus des ces engins roulants de couleur grise , étaient aussi , à leur tour  alignés face à nous..ils nous regardaient passer .ils étaient armés jusqu’aux dents.ces jeunes soldats , qui attendaient déjà notre passage devant eux , nous voyaient nous approcher à pas décisif.je n'avais que 6 ans et ma sœur, elle n'en avait que 8. Elle  me fit signe de m’éloigner de ces camions, au moment ou mon esprit de gamin ne semblait plus m'appartenir  devant cette attirance subite pour cette chose étrange  et je fus subitement  envahi par une seule idée  : monter à l’intérieur de ces engins que je voyais pour la première. Ce détachement de camions était silencieux, puisque tous les moteurs était à l’arrêt.Une précaution militaire je suppose ,pour ne pas attirer l'attention des guetteurs postés  discrétement par les 'fellaghas” à des endroits insoupçonnables.

Dans cette région  primitive, sauvage j’allais dire nous n'avions dans notre répertoire des sons que les chants des oiseaux, le cri du chacal, ou encore celui du hibou. Le bruit du moteur dodge , américain ,de notre moulin à grains  était le seul bruit signe du progrès et de la pollution sonore à cette époque ,mais qui n'en était pas une pour nous enfants « bohémiens ». il nous fallait bien plus de décibels et pendant longtemps pour comprendre déjà ce qu’était simplement le bruit. Quant à la pollution moderne , elle pouvait , dans ce coin perdu , attendre bien longtemps pour se faire admettre de ce pan perdu de la planéte terre et pouvait  espérer une tres tres longue vie avant d'étre inquiétée par les écologistes de tous bords des pays industrilalisés.En tout cas  ce n'était pas demain la veille qu’Iferhounéne allait connaître un développement industriel spectaculaire.

La curiosité des chasseurs alpins était telle que   tous ces soldats, qui venaient d'entrer en contact, avec ce qu’ils avaient laissé de semblable et etrangement différent en même temps ,à des milliers de kilomètres là bas, en métropole, que j'ai pu croiser le regard de ces jeunes qui me paraissaient pourtant sympathiques,cherchaient à  voir de prés à quoi ressemblait ce peuple à qui ils allaient faire la guerre .pendant de longues secondes. autant ils étaient avides de nous découvrir , en tant qu’enfants indigènes , autant, pour ce qui me concerne,  je cherchais à comprendre à quoi ressemblait cette race de roumi dont mon grand père m’avait déjà parlé  et qui pour moi , sans l'ombre d'aucun doute , dans mon esprit , était la race élue pour la vie d’Epicure ici bas. Mais pour le volet moral et religieuse , elle n’était pas des plus pures , des plus pieuses, cette race .la satisfaction de ma  curiosité était pour moi plus importante que la peur de ce qu'ils pouvaient nous faire subir , ces roumis, que je ne pouvais imaginer du reste , compte tenu de mon age. Autant le dire , la curiosité  etait ce jour de 1956 dans les deux camps :  pour moi , qui voulait voir de prês ces roumis dont j’avais une idée assez précise , qui,  plutard, sera fondamentalement retouchée pour devenir  plus nette dans ce qu’elle a de matérialiste , de brigand , et de débauche. l’homme matérialiste , dénué de morale , de religion chrétienne , musulmane ou juive, était là dans toute sa taille devant un enfant , foncièrement religieux, et qui ,pourtant  avait déjà un très bon prejugé des autres religions monotheistes  à grace à l'education religieuse dispensée par notre grand pére MOHAND SAID et mon frère Si hadj Mohand Cherif , qui sera d'ailleurs l'une des victimes de cet envahisseur. 

ces quelques minutes d’observations de trés  prés , ont permis à mon esprit de s’éveiller comme dans une sorte d’eurêka d'Archiméde, et faire le lien de façon spontanée , entre les enseignements que nous prodiguait notre grand père et la présence que je trouvais injustifiée de ces êtres étrangèrs et non moins étranges sur notre sol sacré. Tizi Bouiren avait , et continue d'avoir jusqu'à maintenant , un symbole sacré et sublime en méme temps ,  maraboutique et religieux , divin .c'est là que nos premiers ancestres etaient enterrés. Un cimetiere qui témoigne de l'histoire de nos aieuils.

Hormis le fait que nous avions à affaire à une race extrêmement avancée sur les plans matériels et militaires, je ne trouvais, du reste aucune avancée à cette secte de brigands, de colonisateurs. mais qu’ ai-je donc à faire moi avec cette civilisation européenne que l’on nous voulait imposer hypocritement ?En fait en guise de transfert de savoir étre , et de civilisation , c’est à la famine , la torture  , la mort que nous aurions eu droit.qu'ai je donc à ” foutre”,  moi,enfant de 6 ans, qui vient d’ouvrir les yeux à la poésie orale kabyle , aux chants des oiseaux ,au hurlement du vent, à la chamade de la grêle, au hurlement des chacals, qu’ai-je  donc à voir avec la langue française, moi qui venait juste de maitriser presque parfaitement  ma langue maternelle kabyle.moi qui ait commencé à réciter les versets coraniques,  à l'endroit et à l'envers, sans pourtant rien y comprendre malgré l'effet reposant , j'allais therapeutique , si tant est qu' à cet age on en aurait besoin ,que me ” fout “cette alphabet roumi ?Que vient- il remplacer ce poème de Victor Hugo , de Lamartine ,  qui ne peuvent décrire mes angoisses , mes caprices , mes sautes d’humeur d’un kabyle espiègle ?mes ruelles poussiéreuses, mes toilettes à ciel ouvert  qui dégagent un air pestilentiele?Tout celà fait partie de ma première jeunesse, de mes couches kabyles de bébés joyeusement lavées , et etendues à sécher  au soleil brulant, par une mére amour .La France coloniale ne m'a pas laissé le vivre comme je l'entends pour en reflechir, avec du recul et en débattre librement , à ma guise.

Toutes ces idées, tous ces raisonnements se sont installés dans mon petit cerveau de petit indigène kabyle. À la mine de mon grand père, et à son pas décisif, j’appréhendais déjà la suite des événements .ces brigands qui sont là devant moi, sont suréquipés et de sucroit  ils occupent notre territoire sans  notre consentement, bien pire sans notre consultation.ils ont atteri à Tizi Bouiren, comme la neige qui vient chaque année nous couvrir jusqu’au toit de la maison, sans aucune possibilité de lutter contre cette imparable dictat de la nature. il y'a là , dans mon esprit , et dans leur présence  , ce fait accompli d’autant plus imprévu, qu’il n'a été rendu  possible que par la différence de développement technologique ,entre le point zéro de notre société traditionnelle , archaïque , naïve, primaire , et le point le plus haut de l’invention de la science.ils nous ont précédé , comme on précède un ennemi sur une crête stratégique , avec en plus un arsenal des plus meurtriers , indestructibles, pendant que de notre coté , nous nous pêinions à rendre moins cruelle cette nature sauvage qui nous empêche de mener une vie décente , tranquille. Ils  sont venus , ces roumis , pour empirer notre malheur déjà , rendu incommensurable par le déterminisme de la situation géographique , climatique , psychosociologique, historique etc.…ils ont les armes , les camions , les munitions , la nourriture variée, riche en vitamines .nous n’avons que les réserves de figues séches , d’huile d’olive , pour passer cet hiver impitoyable. Quelques branches de bois secs pour nous protéger contre le froid et l’humidité d'un hiver déchainé,long et impitoyable.

Ils sont immunisés par la nature de leur alimentation et les médicaments roumis ( vaccins), nous sommes exposés à toutes les maladies inconnues, et terrifiantes.ils ont planifié leur mission civilisatrice, destructrice, oui ! Alors que nous nous y attendions point, car nous ne savions pas que l’on pouvait être méchant à ce point pour priver un autre peuple de la vie de chien que Dieu lui a prescrit.ils sont venus nous ôter notre minimum vital, en un mot, ils sont là pour nous rendre encore plus insupportable, cette destinée qui est la nôtre. dans le même temps , ils s’adonneront à tous les plaisirs du monde : exproprier, torturer , violer, tuer.Ces roumis ont -ils compris ce crime dont ils sont coupables ou bien est ce, leur civilisation matérialiste qui les a transformés en monstres charognards?

Voila pour quoi ils sont là ces chasseurs alpins, là devant moi,  enfant de 6 ans,

vite nous devions rentrer à la maison, plus de place à la curiosité. J’ai compris, derrière ces regards de jeunes appelés, pleins d'energie et de jovialité, de condescendance , se cachent des criminels malgré eux.Ils ont reçus l’ordre de mener à bout leur mission de pacification par tous les moyens, ils vont donc commencer à tuer.La pacification ? quel gros mot! c'est de l'asservissement dont il s'agit. c'est l'anéantissement total de l'homme dans tout ce qu'il a d'humain. c'est en un mot : la transformation de l'homme en béte de somme, de la femme en objet de plaisir libre. C'est la négation pure et simple “d'autrui indigéne”

Nous venons de croiser ce convoi de camions GMC, précèdé d’une petite voiture que j’ai pu voir pour la première fois de la vie. Plutard je saurais qu’il s’agissait d’une jeep américaine. En moiins d'une année ,mon unique vocabulaire en langue française se reduisait à la connaissance des arsenaux de guerre: le GMC, la 6/6, le Half track , Hotchkis, bazooka,mortier , canon sans recul, T6 , pyper,napalm,balles explosives, balles traçantes,lance BB, lance roquette,pm,le fusil garant,la libellule, l'heliocoptére banane,fm bare,rien ,absolument rien n'avait de secret pour moi.Voilà pour mes premiéres années d'apprentissage de la civilisation européenne : les noms des engins à semer la mor , et l'arithmétique macabre des morts , des bléssés et des torturés ou emprisonnés.Il y avait aussi ces appellations telles que : fellagha , fellouz, FNSA,FN,harkis.goummier. Puis d'autres noms terrifiants d'un coté ou de l'autre des belligérants, d'acteurs du mal.

Nous franchissons le col de Tizi Bouiren, et le village Iferhounéne nous apparaîssait à quelques  1000 mètres de là.,  insouciant, et paisible sans savoir qu’il allait connaître dés cet instant peut être une période infernale de son histoire. Partagé , depuis,entre les attaques des troupes du colonel Amirouche, les ripostes violents des chasseurs alpins, les exactions des harkis , le bombardement des t6, des camons 105 mn , de ratissages, d' embuscades, des expulsions de civils. des exécutions sommaires publiques.des tortures, …la population vivra, pour ceux qui en survivraient , des moments traumatisant,innarrables.

Le temps que nous avions mis pour parvenir à rejoindre le village par la route carossable,le convoi militaire dissimulé derrière le col de Tizi Bouiren ,s'ébranle  maintenant dans un nuage de poussiére pour faire mouvement dans la direction du village, pour finir sa progression à 150 mètres seulement des premiers maisons, à l’endroit réservé aux commerces de notre villages, lieu dit igourage, en français les  garages servant pour le commerce.Là ,ils se sont décidés  à installer leur bivouac qui leur servira d'ailleurs de campement jusqu'à la fin de la guerre.Entre temps bien des événements vont jalonner cette vie commune entre villageois et soldats français , assaisonnée de cette secte d'écervelés, de ceux que que l'on nommait les harkis , en kabyle Ibayouen. Cette vie commune sera faite de torture , d'assassinats, de viols, d'accrochage , de harcélement,d'expulsion,mais quelque fois de sentiments de générosité, même trés rare, de la part de ces enseignants du service militaire.je citerais : Robert Rocher, Marcel, Guy, Abderahmane( un algerien), de Madame Boucher , épouse du lieutenant de SAS, du bon harki ” ait M.Mohand O.

 

Les soldats installés tout prés du village, commençaient à cerner le camp, d’un barbelé, et installer leurs blockhaus aux quatre coins cardinaux. Puis vient la phase d’intimidation et de provocation. c'est ainsi que l’on commença , à agresser gratuitement les hommes du village.je me souviens de  Si hadj Mohand Mahdi, commerçant de sa nature , à qui on planta un clou de 12 cm,la pointe de Paris, comme elle se dit chez eux ,ces européens,  dans la paume de la main pour avoir protesté contre l'occupation illégale de son magasin d'alimentation.  Une petite boutique qui donne sur la rue et qui constitue son unique gagne pain ,lui permettait de commercer pour faire vivre ses enfants. puis viennent s'ajouter  les corvées « esclavagistes » du genre transporter des charges dépassant les capacités de l’être humain. Ainsi mon frère chérif, mort au champ d’honneur depuis, a été obligé de livrer sur son dos une poutre de bois vert, d’un poids et d’une longue telle qu’il en faudrait au moins deux personnes pour la déplacer. Il est vrai que c'est sous la contrainte  , que les pyramides d'Egypte et bien d'autres édifices ont été construits. Aujourd'hui, on continue de se poser la sempiternelle question du comment est on parvenu à faire hisser de tels blocs à des hauteurs inimaginables?la cravache  voyons! la cravache!C'est celà l'esclavagisme.

Ces provocations, vont en fait avoir un effet salvateur sur la conscience de la population. On peut dire que c'est dans ces pratiques inhumaines du colonisateur que la révolution trouvera un ferment : il s'agit de ce que l’on appelle ici chez nous kabyle ou arabe ; la hogra, ou l’agression, un acte violent et gratuit contre une personne plus faible que  son agresseur.Cet acte génére la révolte et la compassion des étres humains , puis la solidarité agissante.

Alors la résistance commença à s’organiser.

 attaque des troupes du colonel Amirouche

 Et c’est ce que nous vivrons ce 28 décembre 1956 à la fin d’une journée d’hiver.

Les « fellaghas » décidèrent, de lancer une attaque contre ce camp qui commençait  chaque jour un peu plus à montrer ses intentions criminelles. : séduire ou réduire était la politique pronée par le capitaine en charge du camp -lagoda carmin. 2°compagnie du 6°BCA - campé à iferhounéne . Les capitaines qui se sont succédés ,dans le commandement de ce quartier seraient Wolf et Favier. d'autres subalternes et non moins réputés soit pour leur violence ou leur bonté peuvent étre cités tels que le lieutenant PELARDI, le lieutenant Boucher, sergent bois, le lieutenant deux galons,le lieutenant Heims,et les notoirement connus harkis :Mohand T, F.Ouali,A.M Mohamed,A.A.Younes,y.M,B.M,Hid…,

Devons nous nous soumettre à la pacification, ou bien nous rebeller?Il fallait dans une premiére étape procéder à un tri entre ceux qui pouvaint accepter la soummission et ceux qui étaient intransigeants, conscients qu'il s'agit bel et bien d'une colonisation. Voilà la première étape de la mission confiée à ces capitaines et leurs compagnies de chasseurs alpins.Viendra , la phase de l'elimination physique de tout ce qui entrave les visées coloniales.

L’attaque de ce 28 décembre 1956 inscrira en lettre de sang l’histoire de ce village paisible kabyle.

Vers 18 heures, les premières détonations se firent entendre. Le camp venait d’être harcelé par les troupes du colonel Amirouche, parmi ces assaillants figurerait des éléments du village , en premier  Si Hadj Mohand Ouahmed , qui avait , chose extraordinaire , déjà à cette epoque son fusil garant qu'il aurait lui méme récupré lors d'une embuscade meurtiére .nos maquisards ayant investi le village  en pleine fin de journée  se préparaient à porter le coup à l’intérieur du camp, en harcelant le deux blockhaus faisant face au village.ils ont eu tout leur temps  pour se replier en toute sécurité. L’effet de surprise aidant, les sentinelles  du camp se sont mis à tirer presque au hasard en direction du village d’où leur semblaient venir les premiers projectiles.Ils continuaient à arroser copieusement et sans discernement toutes les maisons et les ruelles du villages.les fusils mitrailleurs des deux blockhaus sont mis à cracher le feu sans interruption, visant les deux ruelles adjacentes  qui franchissent le village de part en part dans le sens emprunté par les balles. Sans doute que ces militaires français qui connaissaient déjà assez la configuration des accès pensaient ils faire mouche, dans la tentative de replis des fellaghas, mais c'était compter sans la ruse des kabyles montagnards et non moins vrais combattants déjà bien entrainés. nos maquisards ont eu tout le temps nécessaire pour se replier sur les reliefs escarpés, fournissant un angle mort à la riposte des soldats français. mais ces jeunes soldas français, retranchés derrière les murs en béton, continuaient de faire feu, cette fois faisant usage d’armes lourdes .le bazooka,de canon, de grenades , étaient de la partie jusqu'à une heure tardive de la nuit.

Toujours visant les ruelles du village, dans le sens de la longueur à partir du camp qui balaye toutes les mechtas, sa position en éperon , surmontant à son extrémité le village rendait la tache plus aisée pourtant pour ne pas se laisser aller à une bavure militaire. Le drame de cette nuit ne sera as empêché , peut etre avait il été planifié, tactiquement, aprés que les fellaghas, s’en étaient sortis à bon compte dans cette attaque téméraire, au retentissement psychologique indiscutable.La vengence!la vengence! voilà la stratégie du capitaine et du lieutenant alsacien.il fallait faire des morts du coté des civils villageois, pour dissuader” les fels” des attaques du camp.

Les armes  des chasseurs alpins sont maintenant débridées, et ciblaient délibérément la population . les habitations  kabyles, sont pourtant loin d’ offrir des cibles faciles au bombardement, à  cause de l’épaisseur des murs, de la qualité de la pierre utilisée pour leur construction. Mais ces maisons sont vulnérables par le toit qui arrivent à presque tout juste  supporter le poids de la neige d’un hiver rude.ces toits sont faits de poutrelles en bois ,de roseau , et d'argile. il n y a donc ni pierre , ni béton , ni ferraille pour parer aux explosions et aux obus.  Cette nuit du 28 décembre 1956, les balles assassines, les éclats d'obus, les balles de fusils mitrailleurs , les grenades, le bazooka de la soldatesque du camp, se seront abattus copieusement sur la population du village, sans discernement. Bilan macabre du coté de cette population prise dans le feu croisé des troupes du colonel Amirouche et des “casseurs” alpins ;

2 morts, il s’agit de:

. Si Hadj Mohand Zahra épouse de Mohand Arezki

. Kachi Saïd

3 blessés: il s'agit de :

. Hadj Mohand Ghozali(5)

. Hadj Mohand idir

. Hadj Mohand Amokrane

 

(5).A l’hôpital saint Eugénie de Michelet (aujourd’hui Ain el hammam) les archives nous indiquent que le 29 décembre 1956 est hospitalisé pour plaie de la cuisse droite I/3 inferieur par balles et eclats multiples.il devait quitter l’hôpital le 09 février 1957.

Ghozali sera, encore blessé lors d’une autre attaque le 22. décembre 1957, il aura cette fois une plaie a la main droite par balles avec fracture du 2° membre.il en sortira le 11 janvier 1958

 

Publié dans iferhounéne(kabylie)

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S
Bonjour,J'ai lu avec attention votre texte, j'aimerai avoir une précision que j'espere vous pourrez m'apporter (ou peut être une référence), vous faites allusion (ou votre source fait) à la famille Habchi comme étant l'une des première à se faire expulser d'Iferhounene, ms vs n'en reparlez pas. Que connaissez vous de cette histoire s'il vous plait, je suis une Habchi d'Iferhounene par ma mère mais malheureusement je ne connais rien de ma famille maternelle. Or cette histoire m'interesse, d'autant que je sais juste qu'un certain Arezki Habchi est mort pendant la guerre pê est-ce lié. Je sais mes questions peuvent sembler étranges pê meme naïves (Areski ne doit pas etre le seul Habchi mort pendant la guerre mais je lui voue un intéret particulier.En esperant que vous pourrez m'aider ou me renseigner sur qui peut m'aider.Merci
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