iferhounene le 21 décembre 1957 :fusillade de nuit

Publié le par abdenour si hadj mohand

Bonjour Mohand , comme tu me le demandes je vais un peu corriger ton texte qui me semble un peu passionné et légèrement éloigné de la vérité

Iferhounéne le 21 décémbre 1957

 un an après l’occupation du village par les  militaires français venus installer leur camp sur ce mamelon qui domine tous les villages de la région cernée par la chaîne du djurdjura.

Iferhounéne situé au centre d’une galaxie de villages suspendus dans les airs, face à l’imposant pic d’azro NT hor. Azro NT hoR. , la pierre ou le pic, le rocher du zénith Émergeant sur une chaîne qui nous donne l’impression de s’étirer à l’infini. De là vous pouvez observer le mouvement de toute la population de la région sur un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres .et ce n’est pas un hasard si, les stratèges militaires avait doté ce camp d’un canon 105 mm capable de viser sa cible en survolant les habitations flanquées au pied de cette chaîne bleue, dépourvue de végétation.

Très exposée au camp, la chaîne du Djurdjura offrait une cible idéale pour ces obus, pour montrer la puissance d’un envahisseur en mal de démonstration, d’exemples d‘actions spectaculaires d’intimidation devant cette population qui semblait appartenir à « l’age du silex ». C’est cela le crime contre ce peuple tranquille, miséreux que le colonisateur est venu amplifier les souffrances de ces hommes, femmes et enfants à l’extrême de sa résistance, son endurance, son dernier rempart  biologique : neurovégétatif.

Azro NT hor  et ses environs étaient jadis l’objet de concours de toutes sortes des villageois proches et même de ceux qui ne pouvaient l’atteindre à cause de l’éloignement : les tireurs au fusil de chasse aiment à montrer leur dextérité. D’autres comme ceux d’Iferhounéne jouaient à distinguer à cette distance ; 2 km environ à vol d’oiseaux,  les mouvements des bergers ou des vaches qui bivouaquaient  durant la période estivale. Mon grand père était à ce titre , de ceux qui détenaient le guiness de l’acuité visuelle.

l’histoire est également  là pour nous rappeler l’importance accordée à cette région escarpée , par les premiers envahisseurs qui ont eu à affronter déjà ,avant les années 1854 ;1856 et 1857, les quinque genti(1)

Puis, dans ses multiples tentatives la France du maréchal de France (2) et des généraux yusuf, Mac Mahon,  et autres, venus de Constantine,  et de Bordj Tizi Ouzou

Se sont faits un point d’honneur et ont considéré comme un haut fait de guerre  de détruire le mythe de  l’invincibilité des tribus fières du Djurdjura.

Ils connaissaient l’histoire, et les lieux pour ne pas y mettre des moyens, du reste sans commune mesure avec la tranquillité et le dénuement de ces tribus studieuses, honorables.

 

1. quinqué genti : nom donné par les romains aux  habitants de la région de la Kabylie du Djurdjura- littéralement les 5 tribus

2. il s’agit de RANDON

 

Le docteur A.Bertherand, Médecin des campagnes de Kabylie 1854 1856 1857 nous rapporte les affrontements meurtriers qui s’y sont déroulés. La jonction entre les deux armées  de l’envahisseur  français, acheminées du coté sud de la chaîne de montagne et de Bordj Tizi Ou zou pour installer leur bivouac à Timezguida  s’était fait au prix de pertes   et de souffrances énormes des deux cotés. Il nous retrace la progression, des armées  lancées dans cette conquête d’une région  au relief et climat difficiles, et au courage d’un peuple poussé à l’extrême de son instinct de survie.

C’est ainsi que partant de Fort National la machine à tuer des hommes des femmes et des enfants, progressait grâce simplement à une supériorité technologique d’une puissance économique sur la nature poétique, pittoresque, sauvage d’une vie montagnarde.

Mais cela n’a pas empêché ces indigènes de défendre vaillamment chaque village, chaque colline  par des moyens archaïques, avec un courage légendaire.

Le docteur n’a pas omis dans son rapport de noter les centaines de prisonniers, tous femmes et enfants mais il signale au passage, avoir entendu une voie de femme  stridente et vibrante à la fois dont il n’a pas cherché à connaître le nom. À qui était elle cette voie de femme, dans une société traditionnelle et de surcroît fortement conservatrice ? Le docteur n’a pas voulu aller trop loin dans son analyse.

Il s’agissait en fait, racontera t il pourtant plus tard en 1957  de la vélleda FATMA N 'SOUMER lorsque celle-ci, cette fois avait été capturée.

L’abandon du bivouac de Timezguida en 1954 par les armées françaises engagées dans la conquête des Ait itsouraghs (ittourrar) n’a pas été expliqué par ce même docteur qui pourtant avait fourni dans son œuvre «  campagnes de Kabylie »  les détails sur un chef administrateur arabe a qui les kabyles avaient fracassé le crâne avec des pierres,

Pour la stratégie coloniale il s’agissait d’ennemis, même si les milliers de prisonniers aux quels faisait souvent réréfences le docteur Bertherand n’étaient que des enfants et des femmes.

Voilà pour l’histoire des siècles de conquête.

 pour le coté moral.- c’était le triomphe de l’humanité , du progrès , de la science ( européenne ) sur l’obscurantisme , la barbarie , la sauvagerie , des peuples indigènes , primitifs « Kabyles ou arabes , qu’importe , puisqu’ils appartiennent  à la même souche .

L’objectif : de l’aveu des mêmes hommes enrôlés malgré eux dans une aventure criminelle, n’était autre que le règlement de la crise de la société qui menaçait la métropole. La résorption du chômage qui donna le prétexte à toutes les folies des dictateurs, déviées  dans la diversion des pays indigènes qu’il fallait exproprier, asservir, exterminer!

 

            Voilà encore,  l’histoire qui se répète perpétuellement

 

En cette année 1958, dans ce village de Kabylie  Sous occupation française,les événements semblaient se répéter , avec la même intensité criminelle , en dépit des centaines d’années qui nous séparent déjà du siècle des lumières  , et des milliers de kilomètres du berceau de cette civilisation de notre visiteur mu…. Par des objectifs égoïstes, xénophobes, matériels, criminels, génocidaires.

            installé déjà depuis 1956  à 150 mètres du village Iferhounéne , à l’endroit même réservé du village , aux commerces, ce camp transformé en un centre de torture , va  forger sa réputation dans la mémoire des algériens , hommes , femmes  et enfants.

Nous sommes en 1958.comme à l’accoutumée les hommes du village, ceux qui en avaient les moyens financiers et leur moyen de locomotion qui se limitaient généralement à un âne, souvent accompagnés de quelques enfants  se rendent au marché de Michelet pour faire leur commissions.

 

 

C’est l’occasion des ventes et achats de quelques tètes de bétail et d’achat de denrées  ou de marchandises tout simplement considérées comme précieuses par la société kabyle , en raison de leur mode de vie , leur niveau socio économique, comme la viande, les habits neufs.

La troupe est déjà formée très tôt le matin et c’est l’occasion inespéré pour les enfants en age de marcher  et de prendre part aux choses adultes, pour les comprendre et de se forger, de faire leur baptême de feu en se rendant au marché : Michelet, lieu de rencontres de l’offre et de la demande en tous produits se trouve à 10 km du village.

Une partie du village Iferhounéne  avait été, comme je l’ai déjà dit,  skouaté par les forces d’occupation. Depuis l’armée française avait cerné le camp et le village avec une double allée de fils barbelés, Et toute sortie ou entrée était désormais contrôlée par deux issues placées l’une  a droite l’autre à gauche du camp qui fait face aux habitations du village.

Mais pour franchir le camp,  sans y entrer il fallait passer par un sentier de circonstance, situé sur l’ubac ou sur celui de l’adret d’un relief escarpé, car comme je l’ai déjà dit Iferhounéne est posté sur un mamelon. Une déviation imposée Oui certes imposé Mohand , mais c’était une élémentaire sécurité pour nous, nous étions en guerre, pouvions nous prendre le risque  de laisser rentrer quelques hommes dévoués à Amirouche ? par les commandants du camp qui se sont succédés au poste de responsable du camp ; FAVIER, WOLF  etc. pour des raisons de sécurité pour la soldatesque française. Cette façon d’opérer des stratèges français de l’époque, me donnait à penser que l’idée avancée hypocritement d’assimiler les algériens  aux français était entièrement fausse, en tout cas  pour le moins ridicule et erronée. Cela me donnait à déduire avec ma cervelle d’indigène, mineur, car n’ayant à cette époque que 8 ans d’àge,  que «  la France coloniale voulait que les algériens soient avec elle mais loin d’elle, en tous à surveiller de prêt. »Qui plus est, les harkis, étaient, avant de se rendre armes et bagages,  pour les stratèges de la colonisation, des ex fellaghas, traîtres certes pour l’Algérie, mais qu’ils pouvaient tout aussi bien l’être pour une nation qui n’est pas la leur. Comme quoi, l’adage, de la France, à la guerre comme à la guerre,  doit être toujours respecté

L’emplacement du camp ; était avant la colonisation du village, qui a débuté en 1956, était le lieu de locaux commerciaux appartenant aux villageois. Car les kabyles ont cette habitude de séparer les lieux publics des habitations.

Les hommes et les enfants qui étaient à Michelet, ne sont toujours pas de retour. Un contrôle spécial allait les retenir jusqu à une heure avancée de la nuit. Plus tard je saurai que les raisons de ce retard étaient dues à l’assassinat d‘un haut gradé français  dans la journée du souk, un certain lundi de septembre 1958, que les envahisseurs tenaient à venger.

Nos soukards, les clients  du souk, du marché si vous voulez, seront-ils soumis à un contrôle sévère ou tout simplement avait-on pour seul dessein de punir la population pour cet acte  «  terroriste » ? ,  ou encore s’agirait- il d’une ruse d’un quelconque stratège militaire assoiffé de sang.

20 heures nos hommes ne sont toujours pas de retour. Ils sont toujours retenus à Michelet par les militaires de cette localité .Au village , les enfants attendaient leur retour pour se mettre quelque chose sous la dent. des centaines de bouches d’enfants, ce jour historique, un lundi d’hiver 1958, sécrétaient , comme le chien de Pavlov , la salive sans rien digérer. La peur de mourir, n’avait même pas inhibé leur métabolisme, car ils sont enfants et certains mêmes bébés inconscients. La maman n’a rein à offrir à son bébé, ce jour. Elle est adulte, elle comprend les dangers qui guettent son mari, ou son enfant de 10 ou 12 ans qui ont disparu comme par enchantement. On dit que la femme réagit que la vache  ou tout autre femelle qui allaite ses petits, devant un stress, la lactation s’arrête automatiquement. Moi je comprend stout cela, mais au delà du stress psychologique, il y a la faim, l’absence totale d’alimentation. Une vache ne traille que s’elle est alimentée n car c’est l’alimentation qui fournit le lait. La femme, cette machine a transformé les aliments en lait, un génie. Cette situation dramatique qui met le bébé  , l’enfant ; la femme , le vieillard dans la même situation , certains l’appelle la guerre, moi je la nomme : le génocide , car voulue , provoquée , alimentée par des hommes qui méprisent le genre humain , pour des intérêts matériels malsains , vils , bestiaux , criminels. Devant la puissance irrésistible de tels crimes seul la puissance de Dieu peut mettre un terme

 

21  heures ; rien

 Ce n’est qu’aux environs de 23 heures que notre troupe de soukards, parmi des enfants a été relâchée.

0 heures passées, rien ne donnait un signe du retour.

0 heures 30 mn, pendant que toute la population attendait chez elle, le retour qui de son père, qui de son fils, qui de son frère ou cousin, une longue rafale partit du camp, pour déchirer le silence lugubre  d’une nuit glaciale d’un hiver montagneux. Puis ce sont toutes les armes du monde qui se sont mises à cracher le feu dans la direction du village.  Mohand quelques armes, pet-être la mitrailleuse du poste 3 Chose certaine, indiscutable, c’est que les sources des feux se localisaient au niveau du camp. La direction que prenaient ces projectiles : le village. Une précision de taille nous indiquait qu’il ne s’agissait pas d’une attaque opère par les «  fellaghas » pour utiliser l’expression cher au lieutenant PELARDI.

Nous, enfants 8 ans, nous savions que lorsque les troupes de Amirouche harcelaient les chasseurs alpins campés a Iferhounéne, cela commençait généralement par une sorte d provocation, par un coup de fusil de chasse ou de PA. PUIS LES ARMES DE TOUS CALIBRES ?  Dont la plupart du temps nous ne répondions même pas car dans le camp nous ne risquions pas grand chose Se mettent subitement à envoyer leurs salves sur les quatre cotés du camp.

L riposte est évidemment aussi violente qu’imprécises. Les sentinelles, souvent des jeunes de 20 ans, accomplissant le service militaire, et qui n’avaient généralement jamais croisé cet ennemi invisible, apeurés, tétanisés La mon cher Mohand je peux te dire que c’est complètement faux, les accrochages avec les fellaghas étaient monnaie courante et crois bien que les soldats du camp étaient très aguerris, ils n’étaient ni apeurés ni tétanisés, si cela avaient été le cas c’est au moins 10 morts que nous aurions eu lors de l’embuscade le l’épicerie brûlée sur la piste à la hauteur de Barber se mettent a tiré dans tous les sens. Au Blockhaus, ou se trouve le fusil mitrailleur, on se contentait d’appuyer sur la gâchette sans avoir au préalable fixer sa cible. Une réaction en chaîne de panique des soldats du camp, Aucune panique la sentinelle a obéi au ordre, même si on peu le déplorer nous donnaient l’impression ; nous jeunes enfants sans armes ni protection que la guerre d’algueraie était entre les mains de gamins qui n’attendaient que l’arrêt des  crépitements des armes pour rentrer ces eux. Ils ne se doutaient pas qu’une balle perdue, ou bien ajustée pouvait emporter une âme d’une vieux, d’une femme ou d’un enfant, dans ces circonstances jamais celle d’un fellagha.

C’est ce qui allait se produire ce jour de début d’hiver 1958 à Iferhounéne

Nos soukards ont eu le temps de franchir par son flanc nord , le camp , en passant sur le sentier tracé , à l’Ubac , face au village Ait hamou distant d’eux de 200 m a vol d’oiseau.

 

La première sentinelle franchie il n’avait eu aucun incident. Ils étaient nombreux ce jour là, des vieux, des moins vieux, et des enfants  de 10 à 12 ans

Mon père était  parmi, mon frère Mohamed mais aussi mon neveu Mohand el hacene

  • mon père avait 48 ans , en traversant une portion de terrain très escarpée. appelé amalou  qui surplombe le camp, Accompagné de leurs ânes chargés de provisions effectuées à Michelet, l’ensemble des passagers avait maintenant remonte la pente pour se positionner en sandwich entre le camp et le village a niveau d'altitude égale. Ils avaient maintenant  la deuxième sentinelle derrière eux. C’est ce moment qu’a choisi la sentinelle pour ouvrir le feu de son fusil mitrailleur sur les passants  qui pourtant avaient le dos tourné à la sentinelle  dans, leur progression vers les premières maisons du village, qui se situent àce moment à moins de 100 mètres du camp

Malgré le signal donné  par mon père dont l’appel de détresse  avait retenti, en couvrant les décibels des détonations  des armes lourdes qui se sont mises de la partie.Ce cri de  SOS lancé en direction de la sentinelle n’avait pas empêché les tireurs de continuer à cibler cette fois nos hommes et nos enfants qui les accompagnaient.L’appel de détresse lancé par mon père, « ATTENTION S IL VOUS PLAIT MICHELET », était entendu jusqu’aux fins fonds du village pourtant, très efilé et escarpé à ses extrémités. le village entier avait entendu cet appel adressé aux tireurs. Mon grand père avait eu cette remarque en entendant cette voix qui lui était familière. il savait que cet appel ne pouvait venir que d’un algérien malgré son expression française. Mais il s’etait abstenu de dire quoique ce soit de peur d’effrayer les enfants  qui tous attendaient leur dîner qui n’arrivait pas. la faute n’est désormais pas à la maman , tous étaient convaincus comme des grands, mais au Roumi qui les a privés de leur ration de survie. c était comme cela qu’il voulait leur expliquer, au cas où il devait s’agir d’une erreur. qu’ils étaient des passants civils de retour du marché de Michelet .Rien n y fait.Toutes armes ont continué à tirer  dans le sens du village  en direction de passants qui s’approchaient de plus en plus des maisons .les passants s’étaient mis à courir dans tous les sens pour echapper aux balles assassines. Et c’était à qui rejoindre le premier , à vitesse effrénée la première maison qui se présentait à lui.Mon frère trébucha juste à ce moment à hauteur de la fontaine du village bien exposée au tir de la sentinelle. Cet incident le sauva  d’une mort certaine car l’impact des balles  sur le mur blanc de la fontaine témoigneront pendant longtemps de cee crime qui ne dit pas son nom.Mon père avait alors foncé droit devant lui pour se fondre chez les ait bouahtmane – hattab qui l’accueillerent avec tous les soins dont on entoure de coutume les invités de marque chez les kabyles.

Au bout de quelques minutes un silence de mort s’était installé et les armes se sont tues. pas une balle de plus , pas un cri même d’animal , les habitants du village n’ étaient jusque à cette minute précise informée de quoique ce soit et ne savait donc rien de ce qui s était passé à l’exception des familles qui avaient reçus la visite impromptue des revenants de Michelet. Car personne ne pouvait sortir à cette heure et surtout après ce genre d’événements, Qui s’apparente à une attaque du camp par les fellagas. Mon grand père Saïd,  lui comme tout le monde d'ailleurs  avaient pensé qu’il s agissait d’une attaque, comme on en avait l’habitude de vivre presque toutes les nuits et parfois même de jour. Les troupes, ou les arrières  du maquisard insaisissables Amirouche ne cessaient de harceler le camp.

Mais trop habitué à cette guerre qui n’en finit pas, enfants que nous étions, nous pouvions sans l’aide de personne déduire ce qui s était passé réellement.  Qui t’a raconté cette tragédie en rajoute beaucoup, moi je l’ai vécu comme soldat du camp sans plus, la fusillade n’a pas duré longtemps  En effet la trajectoire des balles qu’on devinait aux bruits et sifflements nous indiquait qu’il ne s’agissait pas d’une attaque  et d’une réponse à cette attaque, mais bien de tirs émanant de la même source. Le calme revenu, la population comme frappée de stupeur devenue amnésique  se coucha sans dîner  cette nuit. Beaucoup ont perdu le sommeil, et attendaient la fin de la nuit pour voir ce qui s’était réellement passé. Quant à nos voyageurs  revenus du marché de Michelet  ils se sont dispatchés sur les maisons le plus proches du lieu de la fusillade. Certains ont passé une nuit a la belle etoile abrités par la dalle de la fontaine des femmes , qui tourne le dos au tireur du camp   construite en béton  épais , très solide, qui ne laisse pas traverser les projectiles de ce calibre. A moins d’un canon ou d’un mortier. la bâtisse peut , sans aucun doute résister à toutes les attaques, en témoignent les impacts sur son mur blanc. Personne ne pouvait sortir de chez lui. Au petit matin, la population commençait  à revenir de sa léthargie tentait alors d’esquisser quelques mouvements timides empreints de frayeur pour s’enquérir de la situation. C’était mon cousin M’hand qu’on disait être désigné par le FLN , comme chef de front (3) qui était venu nous annoncer nouvelle .Plus tard , mon cousin connaitra l’enfer de la torture , des coups de rangers au visage du Harki Fellak ouali , sous l’œil amusé ,cynique , sadique du Lieutenant PELARDI. Pensait- il faire parler son supplicié quand ce dernier avait  dit en s’adressant à FELLAK «  laisse-le , il est faible » à cette phrase  de fausse compassion le harki avait répondu «  Ils m’ont brûlé »Et la torture continua de nouveau. la visage tuméfié , méconnaissable , Mon cousin avait été exhibé la journée durant sous le poste de la sentinelle  faisant face au village , sur un sentier , passage obligé des villageois , comme pour intimider  toute la population. Il était méconnaissable, il ressemblait à un de ces monstres sorties des films d’épouvante, la tête déformée, le visage totalement tuméfié à tel point qu’il était quasiment impossible de l’identifier.

( 3)chef de front poste  civil octroyé par le FLN, à certains responsables.

 

«  L’attaque, dit il, de la nuit, était dirigée du camp, contre nos hommes et enfants revenus du marché de Michelet. Personne ne connaissait encore le bilan

Mais tout le monde avait pensé au pire. La surprise nous est venue de la bette de somme qui était attachée au portal central, avec son ânée. Il a pu se saisir du gros pain qui débordait de sa selle. Notre âne s’était  pour une fois bien régalé puisqu’il avait mangé tout le pain qu’il transportait.

Vite, tout le monde accourait dans tous les sens pour s’enquérir de la situation. Vite  la village s était remis vivre, et les informations circulaient à grande vitesse, faisant place au relenti de la nuit. On aurait dit un film  dont on a changé la vitesse de défilement pour en accélérer les images. Vite l’information tombe : bilan de cette fusillade :

 

-1 mort  si hadj Mohand khider

- 4 blessés :

- Si hadj Mohand S..

            –Hattab Mohand Ouamar-

Hadj Mohand GHOZALI

 – Madame H… Ounissa

Quant aux enfants ils s’en étaient sortis  sains et saufs malgré un trou occasionné par une balle dans le burnous de mon neveu qu IL portait ce jour là. Il était vrai que le drame s’était déroulé pendant l’hiver 1958 indice irréfutable  supplémentaire pour ma mémoire d’enfant âgé de 8 ans, mon oncle Si Hadj Mohand Arezki  avait passé le restant de la nuit infernale, dans un trou d’un tronc d’arbre à contrebas du camp, sur l’ubac  faisant face au village Ait Hammou à quelques dizaines de mètres seulement du camp.

On a du le réchauffer sur le Kanoun , ou l’âtre,le pauvre pour qu’il reprenne ses esprits, pas plus longtemps d’ailleurs car son histoire  va s’achever dramatiquement. Ce qui allait se produire après cette date n’a pas de qualificatif de nom pour le décrire.

Le capitaine du camp avec toute sa bonne volonté n avait pas réussi à réduire ni séduire les villageois la chose allait se préciser chaque jour davantage. La répression va passer à la vitesse supérieure pour ce sinistre individu au relent de nazi, Le Capitaine Wolf pas plus que le capitaine Favier, si tu parles d’eux n’avait rien d’un nazi, je ne défendrai pas Pelardi assoiffé de pouvoir de gallons, pour qui la fin justifie les moyens. Il développait un crétinisme sans pareil et perdait progressivement toutes les inhibitions qui font de la différence entre un homme civilisé et un animal.

Ecoutons plutôt son point de vue sur ces faits :

«  il s’agit d’une erreur commise par les soldats campés à Michelet qui nous avaient pas averti du retard mis par les villageois pour rejoindre leur village. » Mais il ne s’est  pas empêché outre mesure de menacer ma tante Z…  ATH Y… épouse de mon cousin SI HADJ MOHAND S… , blessé en ces termes, quand celle-ci avait exprimé publiquement sa colère sur l’agression dont a été victime son mari «  Tu n’es pas contente , on va te faire la même chose ! Tais toi ou je te tire dessus après l’avoir avoir achevé ton mari, compris ? » Le message , est , on peut , plus clair.

Mais c’est compter sans cette population honorable , courageuse , stoique qui était indiscutablement  acquise au FLN qui s organisait chaque jour mieux

Alors la nouvelle stratégie macabre  allait être  mise en œuvre.et les morts vont se compter de part et d’autre.

La punition collective comme dirait les  généraux , artisans de l’exploitation de l’Algerie : Cavaignac Bugeaud , Mac Mahon ; Pelissier ; Yusuf ,  sanctionner les populations  en exigeant alors des villageois de prendre les armes contre leurs propres frères au maquis que la colonisation appelait les fellagha et que nous, nous  considérions comme les libérateurs  les défenseurs  de notre dignité, en terms plus explicites les  moudjahiddines, ou les combattants d’honneur. Le refus net  exprimé  par la quasi-totalité des habitants allaient  pousser le capitaine et ses supérieurs à affiner leur stratégie- on décida alors d’expulser les meneurs, les personnes et les familles influentes.

C’est ainsi que qu’il a été décidé de commencer par la famille SI HADJ MOHAND  et HABCHI

Nous étions en fait les plus visés car considérés des fellaghas de première heure. En fait notre expulsion ou fuite organisée les termes  sont tout à fait justes  dans les deux cas  selon que l’on  se situe d’un coté ou de l’autre  du conflit  puisque la famille  tout entière  courrait un gros danger   de rester dans le village  car menacée  de représailles  pour motif  de collaboration avec les fellaghas.

 C’était donc le FLN qui avait organisé la fuite de nos parents d’iferhounene vers d’autres villages de Tikilsa, ait Arbi taourirt, ait hamou, ait ouatas tifilkout ait idir ouali un groupe de maquisards  sous la conduite de  son chef SI HADJ MOHAND MOHAND  OUHMED  était chargé de notre protection lors de notre déplacement qui  s était effectué de nuit. Nous avions marché toute la nuit le reste Des villageois allaient connaître la sanction collective pour les besoins de les pacifier par la terreur. Les progrès techniques au service de l’avilissement et de la terreur. Ce que les villageois allaient vivre était insoutenable.

Le capitaine ou Pelardi ? avait décidé d’organiser un peloton d’exécution public. Il fallait choisir deux personnes, ce fut fait.

 Ce sera mon oncle si hadj Mohand Arezki, dont je disais qu’il avait échappé à une mort par congélation et  MOHAND OUBELAID AIT BELKACEM (BELKADI).

On dirigea les deux suppliciés, les yeux bandés, au lieu dit thichekkirine – les champs de chênes  traduit littéralement. On rassembla la population sans distinction de sexe ni d’âge pour assister à l’exécution  sommaire, a ce crime contre l’humanité, ce crime que moi personnellement , sans  exagération aucune , sans rancune ni ressentiment  je qualifierai de nazi

 

Une fois sur les lieux  du forfait  devant toute la population qui ne devinait pas ce qui allait se produire, car jamais habitué a ce genre de fait.Une population considéré  comme primitive  qui n avait jamais auparavant assisté dans son histoire a ce genre de pratiques ignobles  insensées sauvages  , on mitrailla  les deux hommes un a un qui s’Affaissèrent

Une démonstration publique d’un crime, un crime contre l’humanité qui sera gravé dans la mémoire de ce petit peuple illettré, mais qui transmet de bouche à oreilles y compris sa culture et sa tradition a travers les siècles. D e père en fils de fille en mère

 Un crime, pourquoi ? Pour avoir refusé de servir les objectifs de la pacification d’une puissance coloniale qui pourtant avait subi les mêmes supplices les mêmes crimes d’une autre puissance plus forte encore : l’Allemagne nazie.  Un peu excessif, moi je suis convaincu que les armées d’occupation se conduisent toutes de la même façon Une puissance coloniale qui ne cherche en fait qu’un repris n, une tranquillité une stabilité pour mieux piller, tuer, la pais était une condition nécessaire pour réussir n l’exploitation de ce vaste territoire au profit des métropolitains menaces de chômage de famine conséquence d’une crise économique, c’est cela l’Expansionnisme, l’impérialisme

Lisez Carrette, hanoteau, Dussouhet, berherand, jacquot, vous trouverez la clef de l’énigmatique expédition pacifique dans l’Afrique septentrionale. Vous comprendriez aisément, le bienfait du colonialisme,… pour les métropolitaines….. S’il n’Y avait eu lutte armée des autochtones et libération du pays

 

Encore un mot oui, il y a eu des tortures dans le camp, mais de la à le baptiser « camp de tortures est un peu excessif. 

 

Je me suis permis de modifier les textes selon ce que je me souviens des faits et des personnages, mais je te laisse la responsabilité du texte.

 

Cordialement

Jean de la Lune


Amicalement

 Réponse de Si Hadj Mohand Abdenour à mon ami chasseur alpin du camp militaire d'iferhounéne :

 “les événements qui ont été rapportés , le sont par moi méme. je n'ai fait que narrer ce que j'ai vécu moi méme. dire que l'on pouvait pas entendre la voix d'une personne quand les armes crépitent , au moment de l'action ,oui.,je suis d'accord avec mon ami chasseur alpin , mais quand ces tirs viennent de la méme source et que l'on constate qu'aucune riposte n'a été essuyée ,celà voudrait dire qu'il ne s'agit pas forcément de “fellagha” qui eux sont armés pour non seulement riposter mais prendre l'initiative d'attaquer, ce qui est le plus souvent le cas dans ce village iferhounéne où les troupes du colonel Amirouche se sentent veritablement dans leur fief. or il n y a eu aucune riposte, de plus au nom de la verité ,je dois dire que moi méme j'ai entendu cet appel dans la nuit , émanant de mon pére , à trés haute et intelligible voix ” attention s'il vous plait michelet “ en un laps de temps qui a duré quelques secondes seulement , et en ce moment précisément que les armes s'étaient tues.je confirme avoir entendu cet appel de detresse de mon pére , alors que, nous villageois , étions à plus de 150 metres des tireurs chasseurs alpins , qui, eux n'etaient qu'à 50 metres des passageres revenant du souk de michelet à contrebas du camp ,face au village ait hamou. ils devaient avoir entendu cet appel. je confirme donc qu'il ne s'agissait que d'une attaque en régle dirigée en direction de civils revenant du marché de michelet ,que toutes les armes ont été utilisées unilatéralement par les soldats qui tiraient en direction du village ,bilan de cette nuit d'angoisse a iferhounene , coté villageois civils : - 1 ( si hadj mohand khider) - 3 blessés dont une femme les phrases en gras couleur bleu sont du chasseur ALPIN

les phrases en couleur bleu sont les temoignanges du chasseur alpin

Publié dans iferhounéne(kabylie)

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S
Bonjour,J'ai lu avec attention votre texte, j'aimerai avoir une précision que j'espere vous pourrez m'apporter (ou peut être une référence), vous faites allusion (ou votre source fait) à la famille Habchi comme étant l'une des première à se faire expulser d'Iferhounene, ms vs n'en reparlez pas. Que connaissez vous de cette histoire s'il vous plait, je suis une Habchi d'Iferhounene par ma mère mais malheureusement je ne connais rien de ma famille maternelle. Or cette histoire m'interesse, d'autant que je sais juste qu'un certain Arezki Habchi est mort pendant la guerre pê est-ce lié. Je sais mes questions peuvent sembler étranges pê meme naïves (Areski ne doit pas etre le seul Habchi mort pendant la guerre mais je lui voue un intéret particulier.En esperant que vous pourrez m'aider ou me renseigner sur qui peut m'aider.Merci
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A
<br /> ok je suis avotre service pour tout ce qui concerne l'histoire de l'Algerie en particulier 1954-1962<br /> si hadj abdenour<br /> <br /> <br />