Algerie-France:les langues se delient y compris celle des enfants de H.....

Publié le par abdenour si hadj mohand

  • Zahia Rahmani :"Mose" S. Wiespieser, 2003

Moze est un harki qui a échappé à la liquidation réservée par le FLN à ceux en qui il ne voyait que des traîtres. Emprisonné en 1962, il s'évade en 1967 et parvient à gagner la France avec sa famille. Là, il s'enferme dans le silence, sombre dans l'alcool, est pris de crises au cours desquelles il terrorise sa famille. Moze a un secret, mais en travers de la gorge. Le 11 novembre 1991, il salue le monument aux morts du village et va se jeter dans la mare.
C'est dix ans après que sa fille, la narratrice, l'auteur, tente d'expliquer et de comprendre. A Moze, tout fut confisquer, dénié. Moze n'a rien, n'est rien. Moze est mort avant sa mort. Il ne fut pas un père, pas un soldat, pas un civil, n'eut pas de patrie ; trahir ses frères lui enleva son ascendance, la trahison du pays qu'il crut servir lui enlève sa descendance. Moze est dépossédé de tout, même de sa dépossession. Pas de place en Algérie pour le corps du traître, pas de lieu parmi les morts, pas de place dans le souvenir des vivants, honte à sa mémoire, lui qui leur avait appris la honte de leur honte.

Un jour, la fille entend un politicard quelconque dire "nous ne serons pas les harkis de la droite !" Voilà l'insulte que lui a léguée son père, voilà l'accueil que la France réserve au souvenir de ceux dont elle fit ses zombies.

Oui, sans doute, mais quelque chose est sauvé, réparé, ce n'est pas la commission nationale de réparation qui l'a fait, c'est le travail d'une femme devant les instances de la langue que son père, qui la parlait mieux que ses maîtres, lui a donnée. Salut, Moze, longue vie à ta mémoire...

Publié dans Algerie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article